Citations et paraphrases : quand mettre des guillemets et quand synthétiser

Citer, c’est décider de la forme sous laquelle une voix entre dans le texte. Les guillemets servent à restituer une formulation singulière: une précision technique, un aveu, une émotion, une définition disputée. Ils doivent être exacts, ponctués correctement, contextualisés. À l’inverse, la paraphrase clarifie, condense, met en ordre des propos trop longs ou confus. Elle exige loyauté et précision: on restitue l’idée, on bannit l’interprétation. Entre les deux, un continuum existe, mais la ligne de partage tient à la valeur ajoutée de la phrase originale.

Le choix n’est pas qu’esthétique, il est éthique. Abuser du discours direct pour donner un vernis de vivacité peut transformer le journaliste en simple sténographe, laissant passer des inexactitudes non signalées. À l’inverse, paraphraser des propos controversés sans guillemets peut affadir la responsabilité de l’énonciateur. La règle utile: citer court, juste, nécessaire; paraphraser pour expliquer, non pour édulcorer. Les ellipses et coupes doivent être marquées, les hésitations ou tics éliminés sauf s’ils portent du sens journalistique.

La vérification accompagne chaque choix. On relit l’enregistrement, on compare avec les notes, on contrôle noms, fonctions, dates. Les citations techniques bénéficient d’une relecture factuelle par l’intervenant — limitée à l’exactitude, sans concession sur l’angle. La traduction exige une fidélité stricte au sens: on évite les “fausses amies”, on signale les idiomes intraduisibles, on privilégie la clarté sur la littéralité quand celle‑ci tromperait. La paraphrase, elle, s’adosse à des verbes attributifs neutres: “explique”, “souligne”, “réfute”, plutôt que “admet” ou “concède” qui chargent la balance.

Enfin, la dramaturgie du texte bénéficie d’un montage sobre des voix. On varie les longueurs, on fait respirer le récit, on place les citations comme des charnières qui relancent la lecture ou scellent une démonstration. Le lecteur doit toujours savoir qui parle, pourquoi maintenant, et ce que cette voix apporte. La citation n’est pas un ornement ni un argument d’autorité; c’est une preuve située. La paraphrase n’est pas une dilution; c’est un outil de clarté. Bien employés, les deux donnent un texte à la fois fidèle, précis et vivant.

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