Analyse sans eau : comment réduire le texte de 30 % et le rendre plus clair

Couper n’est pas appauvrir; c’est révéler. La première passe consiste à reformuler la thèse en une phrase mesurable, puis à tester chaque paragraphe: apporte‑t‑il une preuve, une explication, un contre‑exemple? Tout ce qui répète, détourne ou moralise sans informer part. On chasse les introductions paresseuses, on remplace les tunnels de contexte par des encadrés explicatifs courts ou des liens vers des ressources. La densité croît quand chaque phrase accomplit une tâche identifiable dans la démonstration.

La syntaxe offre des gains immédiats. On remplace les périphrases par des verbes actifs, on élimine les tournures nominales lourdes, on réduit les incises qui fractionnent l’attention. Les adverbes atténuateurs masquent l’incertitude: on préfère la mesure explicite — fourchette, intervalle de confiance, condition — à des “probablement” flous. Les listes cachées dans le texte deviennent des enchaînements logiques. Un chiffre par phrase suffit souvent; au‑delà, on bascule en tableau ou en graphique légendé.

La hiérarchie du raisonnement guide la coupe. On place tôt les résultats clés, on relègue en fin ou en annexe les détails méthodologiques non essentiels à la compréhension. Les contre‑arguments se traitent franchement, sans caricature, avec leurs meilleures preuves; cela évite les répétitions défensives. Les citations se choisissent pour leur valeur cognitive, pas pour l’autorité supposée du locuteur. À chaque écran de lecture, on s’assure qu’une idée nette domine, soutenue par des preuves immédiatement repérables.

Dernière passe: la lecture à voix haute et la vérification factuelle. La voix révèle les lourdeurs, les doubles négations, les connecteurs superflus. On supprime tout ce qui n’avance pas la compréhension ou qui peut être montré plutôt que dit. Puis on relit les chiffres, on refait les calculs, on vérifie les unités et les dates. Le texte final, plus court de 30 %, gagne en énergie, précision et honnêteté. Ce n’est pas une version appauvrie: c’est l’ossature d’une pensée rendue visible, où chaque élément justifie sa place.

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