Sous pression, un entretien se joue sur la préparation express et la maîtrise des priorités. On définit un objectif unique: qu’est-ce que le lecteur doit comprendre en premier? À partir de là, on rédige cinq questions charnières, ouvertes, ordonnées du non‑négociable au “bonus”. On anticipe les zones de silence, on prépare des relances courtes, factuelles, non accusatoires. Techniquement, on vérifie batterie, mémoire, sauvegarde; on prévoit une redondance audio. Éthiquement, on clarifie le cadre: on‑the‑record, off, attribution. Une minute de cadrage évite dix minutes de malentendus.
La conduite commence par l’établissement du terrain commun. Présenter en une phrase ce que l’on sait et ce qui reste à éclairer installe la coopération, même conflictuelle. On pose les questions brèves, une seule information à la fois, en laissant des silences utiles: le vide appelle souvent la précision. Les interruptions sont réservées aux dérives manifestes, avec rappel courtois de la question. On note les dates, les chiffres, les sigles pour vérification ultérieure; tout ce qui est technique doit être reformulé et validé à chaud.
Le temps manque? On applique la méthode “entonnoir inversé”. D’abord l’essentiel vérifiable, puis la contextualisation, enfin la couleur. Si la personne esquive, on propose un choix binaire sourcé: “Confirmez‑vous A ou B? Voici les documents que nous avons.” Cette tactique limite les réponses vagues. On prévoit une sortie propre: récapitulation minute de l’essentiel, offre d’envoyer les citations techniques pour vérification factuelle — sans céder le contrôle éditorial. La civilité ferme gagne du temps et des informations.
Après l’entretien, la qualité se joue au montage. On recoupe immédiatement les affirmations sensibles, on écoute l’audio à vitesse réelle pour capter nuances et hésitations, on identifie ce qui relève de l’opinion et ce qui relève du fait. Le texte final doit préserver la logique de l’échange sans devenir stenographie: on reconstruit pour la clarté, on signale les coupes, on respecte la substance. Sous contrainte, l’outil décisif reste la discipline: objectif clair, questions nettes, protocole de vérification, transparence sur les limites. La vitesse n’excuse pas l’approximation; elle exige une méthode plus affûtée.