Le vertical n’est plus un format de promotion, c’est un espace narratif à part entière. Tenir le cadre au plus près impose un autre langage: plans serrés, gestes lisibles, texte à l’écran parcimonieux, rythme pensé pour la tenue en main. Le “son natif” — bruits du lieu, voix captée sans voix‑off lourde — apporte une authenticité qui remplace le commentaire. Le reportage se recentre sur l’expérience: que voit‑on, qu’entend‑on, que comprend‑on en trente à soixante secondes qui comptent vraiment?
Cette contrainte force la priorisation éditoriale. On découpe une histoire en unités autonomes: un fait, une preuve, une conséquence. Chaque séquence porte une micro‑valeur: apprendre, guider, révéler. Les sous‑titres deviennent une écriture: concision, verbes d’action, synchronisation respectueuse du souffle. L’esthétique suit la fonction: lumière naturelle, micro cravate discret, stabilisation douce; les effets ne doivent jamais masquer l’information. Un bon vertical est une vignette solide qui s’assemble à d’autres pour un récit plus long.
Le son change la donne. Les ambiances renseignent: un silence brutal, une sirène lointaine, un écho de salle municipale disent autant qu’un graphique. On enregistre en stéréo quand c’est possible, on surveille les niveaux, on filtre légèrement sans stériliser. L’auditeur voit avec les oreilles; il pardonne une image moyenne, rarement un son médiocre. La vérification reste impérative: localisation des images, autorisations, contextes précisés à l’écran, mention des limites si la captation est partielle.
Enfin, la distribution commande des choix. Les plateformes favorisent la série, la régularité, l’interaction. On écrit des descriptions informatives, on crédite, on renvoie vers des formats longs pour approfondir. Le vertical et le son natif ne sont pas l’ennemi du journalisme, ils sont une nouvelle grammaire. À condition d’y appliquer la même exigence: clarté, preuves, éthique. L’économie de moyens devient une esthétique de la précision. Et le public, mieux servi, suit.